Une légende de l'arcade
Double Dragon... Ca fait partie de ces franchises mythiques dont on dirait bien qu'on ne les présente plus, mais dont on a toujours plaisir à parler quand même. Même si au final, c'en est une qui a connu une trajectoire plutôt navrante...
A dire vrai, le seul hit éternel de la série, c'est le
premier épisode - en arcade en tout cas. Comme j'ai déjà pu le dire ici, c'est le jeu qui, après Renegade du même
éditeur, a établi la formule d'un genre qui a enflammé salles d'arcade, micros
et consoles pendant les 5 années qui ont suivi : le casse-punk ! Avec
Double Dragon, Technos avait réussi à capturer l'esthétique des films de loubards
du Bronx, et mis le joueur aux commandes de deux Bruce Lee occidentalisés, les
jumeaux Billy et Jimmy. Pour un jeu de 1987, le rendu visuel de la racaille des
bas-fonds et de la violence des combats était assez saisissant, et la panoplie
de coups et d'armes à disposition d'une richesse inédite. Il a connu le succès
phénoménal qu'on sait, ainsi qu'une multitude d'adaptations sur les supports 8
et 16bit de l'époque, et restera pour beaucoup l'archétype du beat them up de
rue.
Malheureusement, la série est également tristement célèbre
pour la façon assez calamiteuse dont Technos a géré ce succès.
Double Dragon II, sorti l'année suivante, ne présentait que des avancées cosmétiques, à une époque où hardware et programmation avançaient à grandes enjambées. Il poussait peut-être la violence un peu plus loin, offrait des ennemis sans doute plus variés et impressionnants dans leur apparence, mais techniquement comme ludiquement on était au point mort. Au contraire, pour une raison que j'ignore, les contrôles du premier épisode ont été étrangement abandonnés pour revenir au système latéralisé de Renegade (un bouton donnait des coups de poing devant, l'autre donnait des coups de pied derrière). Mais dans la fièvre du succès, peu importait; le jeu a lui aussi cartonné et connu une foultitude d'adaptations domestiques plus ou moins fidèles.
Le vrai désastre, ça a été Double Dragon III, sorti
pourtant deux ans après l'épisode précédent, et qui s'est avéré aussi largué
techniquement parlant que tristement peu inspiré. Pensez donc, les frères Lee
devaient cette fois-ci faire le tour du monde des tatanes... Ca commençait
dans des rues cradingues aux USA (normal), mais virait rapidement au burlesque,
puisqu'après avoir castagné des genres d'archers-gladiateurs en Italie, on
finissait quand même par castagner des momies… A la limite un scénario bidon,
et des méchants complètement extravagants, ça pouvait être rigolo... Mais
malheureusement, le jeu était sinon d'une platitude navrante, avec des ennemis
quasiment interchangeables d'un niveau à l'autre, et un moteur de combat dont
le seul tour de force était de s'avérer moins sophistiqué que celui de ses aînés…
Encore que – demander au joueur d'insérer des sous dans la machine pour
rajouter des coups ou des personnages, ça aussi, ça avait pas mal fait hurler les foules!
A la manière des stars de films d'action sombrant dans
l'alcool et la coke coupée aux détergents une fois passée leur heure de gloire,
les Double Dragon suivants ne sortirent plus en salle, mais directement sur le
marché domestique. Sans nécessairement être distribués dans toutes les régions
du monde, d'ailleurs. Il fallut attendre 1995 pour revoir un Double Dragon en
salle d'arcade, et ce fut un Versus Fighting, tout comme l'infernal épisode 5
sorti sur 16 bit un an plus tôt.
Le jeu vidéo tiré du dessin animé tiré du jeu vidéo. Terrible. D'ailleurs il existe une version Jaguar, c'est pour dire. |
Les adaptations sur 16bit
Le cul entre deux générations de consoles, la série originale
de jeux d'arcade a été adaptée de manière très chaotique sur 16 bit.
Déjà, le premier à sortir fut... Double Dragon II.
Déjà, le premier à sortir fut... Double Dragon II.
Sur Megadrive.
Fin 1991.
C'est à dire 3 années complètes après la version arcade et plusieurs mois après la sortie de Streets of Rage sur la console de Sega!
Pour ajouter le vice à l'infamie, cette adaptation tardive d'un épisode pas nécessairement brillant à la base a été torchée avec les pieds par Palsoft, une boîte qui mettra quand même deux ans avant de couler.
Les sprites sont petits et moches, les couleurs ternes et étrangement choisies, ça ralentit comme c'est pas permis – bref, c'est un désastre qui s'est fait dûment assassiner par la critique et n'a pas connu de distribution hors des frontières du Japon.
Fin 1991.
C'est à dire 3 années complètes après la version arcade et plusieurs mois après la sortie de Streets of Rage sur la console de Sega!
Nan mais visez-moi ça comment c'est dégueulasse! Le ciel, l'hélico, les bidons, les caisses, le... TOUT!!! |
Pour ajouter le vice à l'infamie, cette adaptation tardive d'un épisode pas nécessairement brillant à la base a été torchée avec les pieds par Palsoft, une boîte qui mettra quand même deux ans avant de couler.
Et ici? Ah ben ici aussi c'est laid. Tout le long du jeu en fait. Voilà-voilà. |
Les sprites sont petits et moches, les couleurs ternes et étrangement choisies, ça ralentit comme c'est pas permis – bref, c'est un désastre qui s'est fait dûment assassiner par la critique et n'a pas connu de distribution hors des frontières du Japon.
Dans les mois qui suivirent, Accolade publia une adaptation
Genesis low-cost du premier volet, sans la licence Sega. Graphiquement, cette
conversion du jeu a beau être la plus belle sortie sur support domestique,
c'était au moment de sa sortie du retro gaming avant l'heure! Le jeu s'est
donc fait assez largement tailler en pièces par une presse désormais habituée à mieux, et lasse de la Double
Dragon-xploitation.
Alors quand Flying Edge a sorti son portage de Double Dragon III en 1992, le trou était déjà creusé et la pelle levée pour frapper. En même temps, n'ayant pris aucune liberté avec un matériel original légendairement foireux, si ce n'est des coupes pour faire tenir le jeu sur une cartouche de 4Mb, leur jeu ne pouvait pas être bon.
Graphiquement rétro mais nettement plus agréable à l'oeil, Double Dragon 1 sur MD vous ruinera en revanche les tympans. |
Alors quand Flying Edge a sorti son portage de Double Dragon III en 1992, le trou était déjà creusé et la pelle levée pour frapper. En même temps, n'ayant pris aucune liberté avec un matériel original légendairement foireux, si ce n'est des coupes pour faire tenir le jeu sur une cartouche de 4Mb, leur jeu ne pouvait pas être bon.
Alors au Japon, on peut acheter un sabre. |
Cette adaptation n'est pourtant pas honteuse, d'un strict point de vue technique – mais il aurait fallu commencer par abattre une bonne partie de ce que Technos avait raté sur la version arcade pour en faire quelque chose de potable et vaguement concurrentiel.
Et en Chine on peut faire le poirier à une main sur des crânes de gros chauves. |
Or non seulement rien de tel n'a été fait (le jeu est d'ailleurs sous-titré: "The Arcade Game" plutôt que "The Rosetta Stone"), mais cette version Megadrive est une vraie purge à jouer: on se prend des pains en continu sans trop pouvoir y faire grand' chose, si ce n'est gérer ses dégâts tant bien que mal en espérant avoir assez de vies pour aller au bout...
Il aura fallu attendre fin 1992 pour que sorte un Double Dragon
à la fois nouveau et correct. Return of Double Dragon (ou Super Double Dragon),
4e volet exclusif à la Super Famicom, fut ce qu'aurait dû être
Double Dragon III: un retour aux sources mis en valeur par 5 ans de progrès techniques.
Le nouveau style graphique, plus coloré et gentillet que ce à quoi on avait été habitué, était esthétiquement contestable mais techniquement réussi, et le gameplay se montrait à la fois fidèle aux fondamentaux du premier épisode tout en le dépoussiérant un bon coup. Certaines des nouveautés proposées (comme la parade et la jauge de rage) étaient d'un intérêt discutable, et la réussite technique incomplète (ça ralentit grave!), mais globalement Technos offrait au moins un jeu qui tenait la route, ce qui était déjà pas si mal vu la longueur du désert qu'ont dû traverser les fans.
Du bon nunchaku dans la gueule; tiens, rien que pour ça c'est bien. |
Le nouveau style graphique, plus coloré et gentillet que ce à quoi on avait été habitué, était esthétiquement contestable mais techniquement réussi, et le gameplay se montrait à la fois fidèle aux fondamentaux du premier épisode tout en le dépoussiérant un bon coup. Certaines des nouveautés proposées (comme la parade et la jauge de rage) étaient d'un intérêt discutable, et la réussite technique incomplète (ça ralentit grave!), mais globalement Technos offrait au moins un jeu qui tenait la route, ce qui était déjà pas si mal vu la longueur du désert qu'ont dû traverser les fans.
Parce que si on fait le compte -et il est vite fait-, dans les nineties, Double Dragon sur 16 bits, c'était quand même assez
largement du foutage de gueule.
Mais dans une optique retro, par définition moins attentive
aux qualités techniques et novatrices, faisant la part belle à la simplicité
et à l'efficacité du gameplay, et sensible à des facteurs aussi subjectifs que
charme, nostalgie, et dérision... Je trouve que tous ces jeux, même les plus mauvais, ont grandement gagné en saveur.
Aujourd'hui, quel plaisir unique de se dire que grâce à Accolade (qui passeront pour l'occasion du statut de margoulins cyniques à celui de bienfaiteurs de l'humanité) on peut jouer au tout premier Double Dragon (le seul, le vrai) sur
sa Megadrive! Un concept voisin du cassoulet-frites: un super-combo improbable de deux plaisirs coupables.
Au final, Double Dragon 1, il me l'a fallu par amour.
Double Dragon 2 par vice.
Double Dragon 3 par connerie.
Double Dragon 4 par principe.
Si vous y étiez, je n'ai pas besoin de vous dire combien voir ça sur sa Mega Drive c'est juste ENORME! |
Au final, Double Dragon 1, il me l'a fallu par amour.
Double Dragon 2 par vice.
Double Dragon 3 par connerie.
Double Dragon 4 par principe.
Fan de Technos? N'oubliez pas non plus Combatribes! |
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