mercredi 16 décembre 2015

The King of Fighters '94

The King of Fighters '94 (SNK)
Test de King of Fighters '94 sur: Neo Geo (SNK)
Sortie originale: Neo Geo (1994)
Emulé commercialement sur: Wii, PSN
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'94, comme "1994", oui. Tout cela ne nous rajeunit pas.


En 1994, ça fait deux ans bien sonnés que SNK alimente l'escalade du Versus Fighting, alors probablement le genre le plus concurrentiel des salles d'arcade. Il est même tellement saturé qu'il finit par éclater: Capcom fait peau neuve avec Darkstalkers et Children of the Atom, Mortal Kombat fait des émules avec Killer Instinct et Primal Rage, et surtout Virtua Fighter (dès décembre 93) puis Tekken ajoutent une dimension au combat.

King of Fighters '94, lui, ne dévie finalement que peu du sillage original tracé par Street Fighter II. Comme les mises à jour successives de ce dernier et de ses clones, son argument principal est la surenchère de personnages et de coups spéciaux.
Et sur ce créneau là, qui vire alors déjà au old school, il a tout du jeu de baston ultime.

La Fatal Fury Team, unie pour faire une belle quenelle à Capcom.


Pour commencer, il rassemble les combattants de deux séries qui avaient déjà vécu, Fatal Fury et Art of Fighting, et propose un casting fort de 24 personnages jouables - et cela quand en avoir 16 paraissait le bout du monde. Mais en plus de cela, il combine l'introduction du jeu en équipes de 3 à un gameplay bien plus technique que la moyenne, démultipliant les possibilités d'un genre pourtant déjà apprécié pour sa durée de vie à deux joueurs.

L'écran de sélection: "Your dream match has come true!"

Il faut mesurer le boulot fourni par SNK, qui est véritablement colossal. Graphiquement, il leur a fallu rassembler deux univers visuellement très différents: les personnages très colorés de Fatal Fury, et ceux beaucoup plus sombres et massifs d'Art of Fighting. Plutôt que d'adapter une série à l'autre, comme lorsque Ryo Sakazaki a été importé dans Fatal Fury Special ou Geese Howard dans Art of Fighting 2, les équipes SNK ont créé une toute nouvelle charte graphique. Un style anime à la fois familier et totalement inédit, au trait plus réalistement proportionné et à la coloration richement dégradée. Un style qui suivra la série pendant une décennie complète.

Le Pao Pao Café sert de stage à l'Art of Fighting team.

Ensuite, les graphistes ont réussi le tour de force d'y intégrer de manière harmonieuse les personnages des deux sagas en les redessinant intégralement - tout en ayant soin de préserver, et encore développer toutes les attitudes, animations et caractères auxquels les fans étaient habitués. Là où cette réussite donne le tournis, rétrospectivement, c'est qu'en plus des 10 personnages issus de ces deux séries, les designers sont également parvenus à créer ou développer 15 autres concepts qui, pour la plupart, se sont avérés suffisamment forts pour résister à l'épreuve du temps et devenir à leur tour des classiques: Kyo et la Hero Team, les Ikari Warriors, les Psycho Soldiers, les Outlaws... Tous des indéboulonnables de la série. Quant à Rugal Bernstein, il trône désormais aux côtés de Geese Howard au panthéon des bosses gros bills emblématiques de SNK.

Ikari Warriors et Psycho Soldier, deux jeux SNK pré-Neo Geo dont les héros (ré)apparaissent dans KoF '94.
Pour ce qui est des mécaniques des combats, le même travail d'intégration, d'harmonisation et d'innovation a été accompli, et avec le même succès. A l'époque originales sans être révolutionnaires (elles restent assez proches de Fatal Fury 2/Special), elles laissent leur place aux coups caractéristiques de chacune des deux séries. Certes, l'équilibre n'est pas parfait – mais il ne l'est pas moins que la moyenne des jeux du genre, ce qui est déjà pas mal. Et là encore, on ne peut que noter que ce système, même s'il a pu varier avec les années, a conservé les mêmes fondamentaux d'édition en édition.

Kyo Kusanagi, le personnage emblématique de la série. La team USA, elle, sera la seule à passer aux oubliettes.

Certains sont d'avis que ce premier volet est un brouillon présentant peu d'intérêt par rapport à ses successeurs, ou que les choses sérieuses pour la série n'ont commencé que plus tard - franchement, je ne suis pas d'accord. Plus de 20 ans et de multiples suites plus ou moins réussies après, King of Fighters '94 conserve pour moi son aura de "jeu de baston ultime de 1994", avec ses petites introductions pour chaque localisation, ses multiples références aux jeux précédents, sa bande son extraordinaire, son affrontement final mythique sur le porte-avions de Rugal... Que des changements ou simples aménagements aient eu lieu, pour le meilleur (mais pas que!) au fil des éditions, bien sûr - mais ce tout premier opus n'en montre pas moins d'un perfectionnisme qui me régale à chaque partie.

196 Mb... Un tiers de ce que pèseront les KoF à partir de '98 - et pourtant tout est déjà là!

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En Bref

VISUEL
A sa sortie, King of Fighters '94 faisait partie des plus beaux Versus Fighters; il était cependant plus sobre que Samourai Spirits, Art of Fighting 2, ou que les productions les plus tape-à-l'oeil de l'époque. Au niveau du design, en revanche c'est un concentré du talent qu'on trouvait chez SNK en ces années-là.

AUDIO
La qualité sonore savait déjà être irréprochable depuis plusieurs années sur Neo Geo. On trouve à mon sens dans ce premier volet l'une des meilleures BO de la série, à la fois cohérente et marquée par des compositions pop-rock souvent entêtantes et accompagnant parfaitement menus, séquences, personnages et confrontations.

GAMEPLAY
Perfectible dans son équilibre, KoF '94 propose cependant déjà une prise en main excellente, et une difficulté très accessible. Il offre une profondeur considérable (qui rebutera même sans doute les novices!) avec au minimum 3 personnages à maîtriser si on joue le Team Play caractéristique de la série plutôt qu'avec un seul combattant. Le fait qu'il n'y ait pas de Team Edit peut être vu comme un défaut ou simplement comme un trait distinctif supplémentaire de ce premier opus.

AU FINAL 
King of Fighters '94 n'a pas seulement un intérêt historique, parce qu'il entame une des séries majeures du Versus Fighting, pousse un peu plus loin encore les principes les plus classiques du genre, et témoigne de ce que SNK était capable de produire au sommet de son talent. C'est un jeu inspiré, soigné dans tous ses détails, et qui conserve un caractère propre au sein de la série, aussi bien dans l'esthétique que le gameplay. Moi, ça reste un de mes préférés.

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