vendredi 19 juin 2015

L'odyssée des jeux de baston - partie 2: les jeux de baston "en profondeur"

Ce deuxième volet de l'odyssée du gnon dans la tronche sera consacré aux jeux de baston "en profondeur", c'est à dire à ceux qui, à l'instar de Renegade (ou "Nekketsu Kōha Kunio-kun", à vos souhaits) de Technos, permettent de se déplacer sur une surface d'action plutôt que sur un seul axe. 

Hé, à l'époque, on faisait quand même de l'artwork de maboul...


Apparus plus tardivement que les deux autres branches du bourre-pif videoludique (ceux "à plat" et ceux "en versus"), les jeux de baston "en profondeur" sont rapidement devenus un genre phare des salles d'arcade, pour les mêmes raisons: ils offraient un divertissement simple, de prise en main immédiate, et plaisant à regarder. Très vite, le genre est devenu le support par excellence du jeu à deux en coopération.

Tilitiii, tilitiliii, tilitiliii, tilitilii-tili! Ok, bruiter la musique à la bouche par écrit ça passe moyen.


En 1987, Double Dragon, toujours de Technos, affine la recette de Renegade et pose les lois du genre:
- 2 joueurs en coopération
- pains qui s'enchaînent
- coup de pied sauté
- prises/projections/coups alternatifs lorsqu'on saisit l'ennemi
- armes à ramasser/utiliser/jeter
- un contexte de combat de rue
- un boss final qui fait pan-pan, le lâche

Des adaptation de ces deux titres Technos déferlent sur la plupart des supports domestiques, micro et consoles, qui connaissent une véritable Double-Dragon-mania. Double Dragon II sort rapidement, et se contente de tirer une deuxième fois sur le levier du jackpot - ça marche encore!

L'intro-choc pour toute une génération de chtis nenfants: dans Double Dragon 2, le méchant il tue Marian!!!

Konami, Taito, Capcom, Sega, Tecmo, Namco, ADK, SNK... Tous les grands de l'arcade s'essaieront au genre, qui explose en 1989, année où paraît une quantité incroyable de titres.
La baston de rue reste l'environnement privilégié, avec notamment Gang Wars ou la série des Crime Fighters, mais le genre se décline sur d'autres thèmes en vogue sur les écrans de l'époque. Si Konami rentabilise sa licence Tortues Ninja avec TMNT: The Arcade Game, la plupart des éditeurs préfèrent surfer pour pas un rond sur l'engouement suscité par les succès du cinéma et de la pop culture du moment: Prisoners of War sent fort le Rambo II et le Portés Disparus, Shadow Warriors met en scène des ninjas combattant le punk dans les rues américaines, et Golden Axe mise sur l'heroic fantasy à slip en latex.

Autre image mémorable: le continue screen de Shadow Warriors!

Gros sprites, sélection des personnages, et petite attaque spéciale s'installent doucement comme des figures imposées du genre.
Mais le gros choc, c'est le Final Fight de Capcom, qui sort fin 89. Techniquement, il enfonce complètement l'offre de la concurrence, et il parachève ce qui deviendra le standard de gameplay pour le genre.


De l'arcade à nos 16 bit...

C'est d'ailleurs l'adaptation très imparfaite de ce dernier titre, Final Fight, sur Super Famicom qui va relancer la fièvre du genre sur les consoles 16 bit. Si les possesseurs de PC Engine n'auront assez étrangement rien à se mettre sous la dent, sauf à posséder un lecteur CD-ROM (et encore, l'offre ne sera pas bien glorieuse), le genre cristallise la guerre Super Famicom / Megadrive.

Final Fight. Haggar débarque sur SFC comme sur la tronche à Roxy.

Sega se rend bien compte qu'il ne va pas pouvoir se contenter de laisser ses joueurs avec Golden Axe et Alien Storm, et qu'il faut qu'il leur livre "un jeu de bagarre de rue". En 1991 le premier volet des Streets Of Rage déboule sur Megadrive. Sega fait tenir dans une petite cartouche de 4Mb un excellent clone de Final Fight qui ne soutient absolument pas la comparaison technique avec ce dernier mais peut se targuer d'une gameplay plus développé, avec davantage de coups et surtout d'interactions entre joueurs. Car contrairement à l'adaptation du titre de Capcom, celui de Sega peut se jouer à deux, point dont l'éditeur et ses fans se serviront d'ailleurs à fond pour vanter le jeu, faute de pouvoir la ramener sur le plan graphique.
La série des Streets Of Rage, qui comptera deux épisodes supplémentaires sur Megadrive, y aura un quasi-monopole du casse-punks que ne lui contesteront pas franchement les adaptations tardives (et assez surprenantes) de Double Dragon ou de The Punisher.

Streets of Rage. Sur Megadrive, on affichait 5 ennemis à l'écran, si on voulait. Et même un 2e joueur! Par contre c'était pas bien joli...

Mais c'est sur la 16bit de Nintendo qu'une nouvelle déferlante arrive en 1992. Jaleco emboîte le pas à Capcom en proposant opportunément son clone Rushing Beat / Rival Turf (dont il publiera rapidement deux suites), et utilise lui aussi le jeu à deux manquant à Final Fight comme argument de vente. Konami y adapte son Turtles in Time, Technos y va de ses Return of Double Dragon et Combatribes,  Taito de son Sonic Blastman...

Return of double Dragon. Billy Lee, note artistique, 10

Une fois Street Fighter II sorti sur Super Famicom, l'attention des éditeurs sera davantage tournée vers l'exploitation du filon de la baston "en versus", mais le genre y restera très populaire. Principalement, de nouveau, grâce à Capcom qui sortira 2 épisodes exclusifs de Final Fight ainsi que des adaptations de Captain Commando et Knights of the Round. Citons également le Batman Returns de Konami, le deuxième Sonic Blastman de Taito, et le portage d'Undecover Cops d'Irem.

Final Fight Tough. Haggar revient pour donner le coup de la corde à linge.


Le genre décline quelque peu aussi en arcade - mais de manière très prononcée sur Neo Geo. Après les sorties de Ninja Combat, Sengoku Densho, Burning Fight, Robo Army, Legend of Success Joe (1990-1991) et Mutation Nation (1992), le support n'accueillera plus qu'anecdotiquement des jeux de ce genre, SNK se spécialisant dans le Versus fighting.

Burning Fight. Ca burne et ça fighte.


Au final, les jeux de baston en profondeur auront connu un âge d'or relativement court (disons entre 3 et 5 ans) mais qui dans ce laps de temps aura délivré pléthore de jeux souvent amusants à défaut d'avoir beaucoup fait évoluer le genre.

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Oké, mais au bout du compte, on joue à quoi?

Eeeeh ben c'est pas si évident au final!
Il y a beau y avoir du choix, on n'est pas si gâtés qu'on pourrait le croire. 

Allez, un petit tour vite fait, que je complèterai au fur et à mesure avec des articles plus détaillés...

Sur PC Engine on est carrément sur le carreau: sauf erreur, en HuCard, il n'y a rien à se mettre sous la dent.
Sur Neo Geo, la quasi-totalité des titres se classe dans les catégories "Très Cher" à "Odieusement Cher" en AES. Ils existent, bien plus abordables, sur NGCD, remarquez bien, mais demeurent pas donnés. Difficile de recommander autre chose dans ces conditions que de bien compter ses billes et d'essayer avant de se décider sur quoi que ce soit...Pour vous guider, vous pouvez commencer par lire ce dossier comparatif.

La Super Famicom est sans doute celle qui propose le choix le plus large, mais la problématique est assez comparable: si c'est bien, c'est (relativement) cher. En plus de ça, la jeunesse de la console est tristement connue pour les difficultés des développeurs à faire bouger plus de 3 bonhommes à l'écran. Nos jeux de baston ne font pas exception à la règle et la première conséquence dramatique en fut le soufflage pur et simple du jeu à 2 pour de nombreux titres (dont surtout le premier Final Fight, ce qui restera un regret pour des millions de joueurs frustrés) et/ou des écrans vides d'ennemis, et/ou qui se jouent en slow-motion. Les titres qui cognent le mieux (Final Fight Tough, Turtles in Time, Captain Commando, Knights of the Round... Bref les titres Capcom et Konami) atteignent une cote qui me semble assez déraisonnable. Quant à ce qui est abordable... Là encore, assurez-vous au préalable de vraiment vouloir l'aborder! Petit tuyau: allez quand même renifler du côté des jeux Technos (Revenge of Double Dragon et Combatribes), et de la trilogie des Rushing Beat qui feront peut-être suffisamment convenablement le job à votre goût, et qui se trouvent encore pour pas très cher.

Sur Megadrive, enfin... L'offre est moins pléthorique, mais les choses sont plus ouvertes en termes de tarifs. Personnellement, je trouve la réputation de feu des Streets of Rage un peu surfaite... Mais ça reste de très bons jeux, emblématiques de la console et de l'époque. Niveau tarifs, ils ne sont pas particulièrement donnés mais quand même plus abordables que leurs homologues de la 16 bit de Nintendo. Si vous pouvez vous passez du contexte "bagarre de rue", n'hésitez pas un instant à vous ruer sur Golden Axe et Alien Storm, deux valeurs sûres, et faciles à trouver - ce sont des titres plus simples, à la durée de vie sans doute plus courte, mais tout aussi mythiques et plaisants à jouer. Pour qui s'en fout de collectionner boîtes, artwork et cartouches, le meilleur est pour la fin: ces deux derniers et Streets of Rage 1 se trouvent couramment -et donc à pas cher- en compilation, youpi!

Alien Storm. Un titre souvent négligé, à tort: c'est court, varié, rythmé, rigolo.

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